L’île Cochon
Cochon en petites vallées qui s'étalent entre deux sommets.
Pour horizon on a Suhm, l'île Cimetière et l'île Chat avec « l'Alberta », un bateau échoué là depuis la dernière guerre et qui rouille à mesure. Le pouce de Ronarch toujours enrubanné de son nuage et de l'autre côté la grande Terre.
Peu de pluie, mais le vent ne perd pas le souffle. Quelquefois c'est meilleur, ce qui fait dire à Françoise « j'ai l'impression d'avoir pris un coup de soleil au fond de le tête ».
Les herbes sont horizontales. Les albatros hésitent. Les nuages défilent et s'effilent en longs lenticulaires.
Et Cochon c'est cette petite cabane (le petit carré blanc au milieu de la photo ci dessus) avec une grande porte à carreaux qu'on bloque avec une touque mais que le vent ne peut s'empêcher de faire vibrer.
Deux petites fenêtres et deux lits pour trois, je gagne ma place sur une question de Trivial Poursuit. (Comme quoi ça sert de savoir que les chinois ont inventé l'écriture).
Cochon c'est aussi l'île aux milles trous. Quelques fois on peut plus poser un pied à terre, faudrait marcher sur les mains pour ne pas enfoncer de nids.
Avec le soir la fanfare du pétrel commence. Ils ricanent en cœur avec des voix enrouées. Dès la première nuit on se rend compte qu'on héberge un poulailler sous les planches de la cabane. Chaque matin il y a un peu plus de plumes et de petits os rongés sur le sol. La plupart du temps on ne retrouve que les 2 ailes encore attachées par les clavicules comme prêtent à s'envoler si on les jettent en l'air.
Mais, je vous rassure, des oiseaux vivants il y en a aussi…
On a d’ailleurs du mal à lire nos transects tranquilles…
(Chionis tirant sur le mètre déroulant du transect)
Si ce sont pas les chionis ou « pougeons » (hybride entre la poule et le pigeon), ce sont les skuas.
On en a deux qui gardent l’entrée de la cabane.
Ils nous suivent à la trace sur l’île et se jouent de nous.
Marion a immortalisé ça :
(Photo : Marion DEPRAETERE)
(Photo : Marion DEPRAETERE)
(Photo : Marion DEPRAETERE)
(J’ai récupéré ma balle verte…+1 pour les Ecobios)
Les transects nous laisseront quand même le temps de jouer au scrabble (avis aux ornithos : il faut baisser la tête pour mieux regarder sur cette photo…)
Et Marion est passé maître en pétrissage de pâte à pain.
ça vaut le coup…Le pain de Cochon aux pépites de chocolat à la sortie du four…
…
Coucher de soleil de Cochon, l’île Suhm se découpe.
Haute
L’île aux mouflons… !
Deux mouflons du zoo de Vincennes (Paris) ont été introduits en 1957 sur l’île Haute. En 1977 ils étaient 700. La population a varié cycliquement entre 250 et 700 individus alternativement. Aujourd’hui le but est d’éliminer cette espèce introduite de façon a limiter la dégradation des espèces indigènes comme l’azorelle.
(tapis d’azorelle)
Il en reste 5 à ce jour et Mimille, notre chasseur, a beau chercher, ils se planquent bien. On voit des traces fraiches sur les hauteurs.
L’île est grande et se découpe en reliefs escarpés sur lesquels nichent les albatros fuligineux. Quand on grimpe ils volent à notre hauteur, on s’imagine pouvoir les toucher en tendant bien le bras.
C’est aussi l’île aux graminées. On trouve pas mal d’espèces introduites que je n’avais pas encore vues sur d’autres îles : Trèfle rampant, Flouve odorante, Dactyle agglomérée, Vulpie queue de souris et même de la petite oseille pour la petite salade de retour de manip !
Et pour la première fois Lyallia kerguelensis (Portulacaceae), plante à fleurs endémique stricte de Kerguelen.
(Photo : Yanis Perrard)
L’heure de nos derniers transects (avant l’année prochaine !).
(Yanis et son premier transect)
La vie est dure pour nos pauvres manipeurs condamnés à faire des croix…Yanis, notre Bibou (médecin) en témoigne ici dans du Dactylis glomerata qui pousse comme introduite.
…
Coucher de soleil pluvieux.
Les prochaines aventures avec Ratmanoff et les quelques 400 000 manchots… !